dimanche 18 avril 2010

Chrysanthème tardif

Une bande de chiens errants, joyeux et déglingués
Qui dansent en braillant sous une lune déguisée.
Deux pigeons carnivores tirant un corbillard,
Et trois brins d'herbe sèche, sur un meuble bâtard.

Le chapelet du temps me flanque sa révérence.
Morgue pleine, je n'ai vu que des cendres verdâtres
Et déjà l'incendie qui ravageait ma transe
Menace de s'éteindre, sombre destin des âtres.

En apnée dans ma chambre, les rêves tous en cage
Brutalisent mes veines et ravalent mes croyances.
Fermer les yeux c'est perdre des minutes sauvages.

Le temps est impossible et les enfants, sagaces
Nous appellent dans des cris de chats qui se désolent.
L'univers est serein, mais la rosée fugace.

Un autre lit de feuilles

Comment tendre avec toi les cordes du soleil
Quand des brumes nous ligotent et diluent nos délices ?
Ton front ouvert demeure comme une plage déserte,
Et nos peaux fondent et cuisent dans cette marmite obscure.

Mon errance invisible perce tes défaillances,
Tue en moi les odeurs des fleurs apprivoisées
Que tu ne m'as pas offertes.
Et délie les menottes de mes désirs idiots, dans un tango amer.

Il faut changer de rive pour creuser la couleur
Pendre haut et court les loups qui rongent nos tréfonds
Et dire à la lumière ce que nous savons d'elle.

Je suis proie impavide, je suis forte et légère.
J'aime l'alcool et le pain, les rivières et les cols.
Embrasser tout le jour des flammes vertes encore...

vendredi 2 avril 2010

Un homme louche, de François Beaune

Voilà un bouquin qui sort un peu de l'ordinaire. Un livre qui raconte ce qu'on ne raconte pas assez, et bien. L'intériorité d'un ado bizarre, voire carrément fou. Voire juste bizarre... Voire complètement barré ! Voire juste un peu bizarre, mais quand même... La première partie est remplie de très bonnes idées, de traits d'esprit et de traits de caractère peu communs. C'est désaltérant, autant de nouveauté. Il y a un côté inexploré dans l'écriture de François Beaune, balaise.
Et puis on retrouve l'ado devenu adulte, et c'est un peu moins grisant. Peut-être parce que l'âge adulte est moins excitant que l'adolescence ? Il y a toujours un belle folie en graine, mais plus douce, plus commune. Et puis, finalement, la fin reprend de la force, parce que l'exploration du sous-réel est sans doute ce qui donne du piquant à l'âge adulte.
Bref. Une belle histoire de fou à suivre avec le plaisir de la découverte. Un univers entier, triste et drôle, dans un seul livre.