dimanche 27 novembre 2011

Première partie

Ça y est, je suis arrivée au bout. Attention, pas au bout du bout... Juste au bout de la première partie ! Planifier, écrire, relire, corriger, relire à haute voix, corriger, corriger, relire. C'est sûrement pas parfait, mais c'est fait. Et pour une fois, contrairement à la plupart des mes nouvelles, j'ai l'impression d'avoir travaillé pour de vrai. Ne pas laisser en plan des phrases dont je ne suis pas satisfaite, en espérant que les gens vont vite passer dessus. Creuser les incertitudes, épaissir les personnages, détailler les images, réduire la part du hasard. Du boulot, quoi !
L'écrire ici, ça signifie que je me suis habituée à l'idée que le travail avance. Ça lui donne une réalité. Et ça veut dire aussi qu'il va falloir attaquer la suite.
Heureusement, pendant ce temps-là, une demi-douzaine de lecteurs dévoués vont faire une relecture attentive du machin. Et ça, c'est la plus belle motivation qui soit.

dimanche 30 octobre 2011

Un concours !?!?

Aujourd'hui, j'ai besoin de vous.
Je viens de poster une nouvelle pour un concours de textes courts sur WeLoveWords. Alors vous pouvez voter pour moi : c'est ici (descendre jusqu'à "Histoire de l'Okapi - Concours" et cliquer sur Lire puis sur Voter, ou directement sur Voter :-). 
Au passage, vous pouvez aussi aller lire et noter mes textes sur le site. (Voui d'accord, c'est un peu idiot, mais c'est comme ça.)
Merci d'avance !

mercredi 28 septembre 2011

Pourquoi il ne se passe rien ici ?

Certes, on ne peut pas dire qu'en temps normal ce blog déborde d'activité. Ceci dit, ces derniers temps, il touche le fond de l'apathie. Il faut dire qu'en ce moment, avant de m'endormir, je ne lis pas de roman. Alors je n'ai rien à raconter sur les livres. Je lis parfois de sombres bouquins de psycho (pour mes études, mais c'est une autre histoire...),  mais la plupart du temps, je regarde le plafond et je pense. La contemplation du plafond m'est d'un grand secours quand je ne sais plus où vont mes personnages et que je me sens un peu responsable de cette débandade. Parce que si je n'écris plus ici, c'est parce que j'écris beaucoup ailleurs.
J'écris un roman. Ouch ! Quand je dis "j'écris un roman", à chaque fois, je trouve ça terriblement présomptueux. Mais il faut se rendre à l'évidence : objectivement, c'est ce qui est en train de se passer. Alors il est temps d'assumer mes prétentions et de m'acheter une persévérance. Et comme je ne peux pas courir tant de lièvres à la fois, ce blog restera inerte le temps qu'il faudra.

*Merci à Oxo qui m'a gentiment prêté son chouette dessin ! 

mercredi 7 septembre 2011

BD : La Communauté - Hervé Tanquerelle, Yann Benoît

Deux tomes en un seul volume. 1974. Une bande de soixante-huitards décide de s'installer dans une ancienne minoterie pour vivre à contre courant de la société de consommation. Tanquerelle dessine ce que son beau-père Yann lui raconte. Quoique parfois maladroite dans l'écriture ou la mise en scène imagée des entretiens, cette BD a beaucoup de charme. La vie quotidienne, l'évolution des idéaux au fil des années, la difficulté de réaliser une utopie concrète, l'investissement humain et la force des sentiments qui s'y rattachent sont très bien rendus. Un beau moment de lecture pour tout ceux que cette époque, ou d'autres façons de vivre, intéressent.

mercredi 6 juillet 2011

Même pas de lunettes (Nouvelle)

Je n'ai jamais été remarquable. Je suis gros. Un peu. Pas assez pour être mémorable. Juste assez pour être désagréable à regarder. Je passe inaperçu, jusqu'à ce qu'on s'aperçoive de ma présence, déplaisante. Quand je parle à des gens, si j'essaye de me rendre quelque peu signifiant, drôle ou attachant je vois bien, dans les plis de leur visages, apparaître la marque du dédain. Ce n'est pas de la détestation, non. Juste le regard qu'on porte sur un être terne qui essaye de se colorer de quelque chose de sympathique, et qui en devient carrément pénible.

Bref, j'échoue.

J'aurais pu être ce genre de petit gros à lunettes qu'on voit au cinéma, doué d'une intelligence de génie et qui termine le film en héros, sauvant tous les autres d'une fin tragique. Mais non. D'ailleurs, je n'ai même pas de lunettes. Je suis juste là, depuis si longtemps je ne cherche plus à me donner un sens.

Depuis peu, je boîte, en plus. Un problème de dos, bête et méchant comme un cadavre de souris. Un truc petit, mais insidieux, et qui finit par occuper le plus clair de mes pensées. Un nerf minuscule, écrasé par de la chair gonflée, coincée entre deux de mes vertèbres grasses, et qui irradie une douleur diffuse, impalpable, mais lancinante dans ma jambe. Des élancements à l'aine quand je marche ou m'assied. Je claudique, l'air d'un héros de série cynique et minable, du haut de mon mètre soixante-dix poussif et de mes quatre-vingt-dix-sept kilos bien accrochés.

Donc, aujourd'hui, je vais chez le kiné, pour remédier à mon malheur. J'ai bon espoir que quelques séances me soulagent, et surtout me permettent de me concentrer à nouveau sur mon absence de vie sociale et amoureuse.
Je marche péniblement dans une rue de banlieue, ocre et grise. Un bus énorme et bruyant me longe, m'effrayant au passage. Je suis chaque fois épouvanté par ce bruit massif des bus en ville. Par leur carrure impressionnante, leur vitesse et leur puissance. Comme si transporter une cinquantaine de personnes, parfois bien plus, leur donnait raison sur tous ceux qui marchent et cherchent juste à profiter de la sérénité des trottoirs. Attention : je n'ai rien contre les gens qui prennent le bus. C'est juste que tout petit, à l'âge où on tient encore la main des adultes dans la rue, ils me faisaient déjà sursauter. Tout petit - et déjà rond- je regardais leurs gros pneus passer à hauteur de mes yeux en me disant : "Imagine que ta tête soit là, juste en dessous  sur le macadam ; imagine ton corps désarticulé, démantibulé par la roue, imagine ta jambe qui s'enroule autour de ce caoutchouc noir qui tourne à toute vitesse, imagine ton bras projeté violemment contre le bord du trottoir. Ça ferait mal, hein ! ". Adolescent, en regardant les autres garçons jouer avec la mort en traversant la rue juste devant le bus, j'espérais secrètement que l'un deux se fasse prendre, pour voir. Aujourd'hui, devenu adulte, je me dis seulement : "Si t'avais le courage, ça ne ferait pas beaucoup de peine autour de toi. Mais tu es un lâche, parce que tu as toujours peur que ça fasse mal."



Ce trajet est long et douloureux. Marcher ne m'ennuie pas, d'habitude. Mais là, ça me fait mal. Et je dois traîner ma jambe, comme un poids presque mort. J'ai parfois l'impression que je deviens handicapé, petit à petit. Pourtant il n'en est rien, je ne suis pas en train de perdre mes moyens physiques, il ne manquerait plus que ça ! Juste la sensation importune d'une jambe inutile et épaisse, plus longue que l'autre et lourde à porter. Un peu comme une gencive anesthésiée et pourtant douloureuse, en guise de cuisse.

Bref. Je vais chez le kiné. Il est tôt. Il tombe une sorte de grésil sale sur la ville. La ville : on ne peut pas dire ça ici. On devrait dire les villes, mais ça n'aurait pas de sens non plus puisqu'elles s'étendent à l'infini. Ils sont obligés de mettre le nom des communes sur les panneaux des rues pour que chacun s'y retrouve. Ça m'a sidéré, en arrivant ici, de voir qu'on pouvait passer si vite d'un territoire à un autre sans s'en rendre compte. C'est affolant et grisant, tout à la fois. J'aime cette énergie liquide qui monte de la ville. Je m'en étourdis souvent. Ça m'occupe, et parfois, même, je me sens vivant. 


Mais aujourd'hui, aucune griserie. Juste des mamies qui promènent des caniches en manteaux, et des jeunes mères qui traînent à l'école des enfants petits, morveux et pleurnichards. Les enfants m'irritent, ils sont sales. A quelques exceptions près -les hommes politiques, par exemple- ils sont ceux des humains qui ressemblent le plus à des animaux. Et quand leurs mères se mettent à les cajoler devant moi, je les vois se transformer en vaches léchant des veaux baveux. Apparemment, faire des enfants conduit à perdre toute dignité. Je n'y vois que l'assouvissement des plus bas instincts. Aucune grandeur dans tout ça, rien que de la viande bourrée d'hormones, et la lutte pour la survie de l'espèce. Lorsque je croise une famille nombreuse, je vois des bêtes, même plus sauvages.

Kinésithérapeute. Drôle de métier. Confrontés à la chair nue à longueur de journée, à longueur d'année. Comment vieillit-on quand on voit vieillir les autres ? Quand on pratique des massages respiratoires sur des grabataires en couches sales ? Est-ce qu'on accepte, un peu, de devoir  ramollir et pourrir, inéluctablement ? Est-ce qu'on profite d'avantage de la vie, d'un corps jeune et sain et d'un esprit alerte ? Est-ce qu'on a des nausées matinales devant la petite vieille décatie, atteinte de rhumatisme ? Est-ce qu'au contraire on croit voir, sous l'enveloppe répugnante, la beauté des âmes ? Je ne sais pas me confronter à mon propre corps, alors ceux des autres... Quelque chose qui me préoccupe : je n'ai jamais vu une femme nue. Ça m'inquiète.

Je me rapproche du cabinet. Claudication que j'essaye de rendre bienveillante. Les boiteux font peur. Ils évoquent les pirates, les crochets en lieu et place de main, les dents pourries, les gros rires de vrais salauds. Mais moi, je ne ressemble à rien. Je ne sais même pas avoir l'air méchant. J'essaye de sembler gentil, ou, pire, comique, mais rien n'accroche, jamais. Dans mon souvenir, aucune de mes tentatives pour communiquer avec autrui n'ont été couronnées d'autre chose que moqueries, indifférence ou mépris. Au collège, j'aimais le désintérêt des autres, tant il m'évitait les quolibets hargneux. Mes profs ne savaient plus quoi faire pour moi. Certains ont essayé de m'aider, bien gentiment. Sujet idéal pour l'éducation à la tolérance, je leur ouvrais un boulevard pour leurs leçons de morale, aussi grandiloquentes qu'improductives. D'autres dissimulaient, par pudeur ou par professionnalisme, le dégoût que leur inspirait ma personne. Peu à peu, tous se sont lassés, et j'ai disparu de leur champ de vision. La fin de mon adolescence a consacré mon inexistence, à mon plus grand soulagement.


10h31. Ça y est. La délivrance n'est plus très loin. J'appuie sur le bouton, là où il y a écrit KINE, en gros et en rouge. La porte bourdonne et je l'ouvre. Un couloir court, boiseries stratifiées des années soixante-dix, miroir, je tourne, entre dans le cabinet. Il va falloir parler, regarder quelqu'un dans les yeux, percevoir ce que lui inspire mon être, admettre d'exister. Le problème, quand on a le décodeur des âmes, c'est qu'on ne peut qu'être lucide. J'accède, en clair, à toutes les émotions  que ma compagnie provoque chez ceux que je croise. Je vais bientôt savoir ce que ressent un kiné en face d'un patient comme moi.
Dans la salle d'attente, un homme, la cinquantaine, vautré sur une chaise inconfortable. Ouvrier, si j'en crois son bleu de travail crasseux, et ses mains, épaisses et noircies. A mon arrivée, il ne lève même pas le nez de son magazine automobile. Bon. Je me tourne vers le secrétariat. Blouse immaculée, menton fraîchement rasé, mains desséchées, trop propres : mon kiné. Au seuil de la porte, j'articule un "bonjour" neutre. Pas de réponse. Il ne lève pas la tête. Il n'est pourtant pas au téléphone, j'ai vérifié. Il s'active, assis devant un agenda couvert de gribouillis. Il a l'air stressé. Trop de choses à faire sûrement, le pauvre. J'attends un peu et me lance : "j'ai rendez-vous à 10h30."
Pas de réaction. Il est bizarre, ce type. Trop occupé par son planning, ou rendu indisponible par d'autres difficultés. Un désamour passager, de la mélancolie, des regrets ? Un parent malade, qui sait ?
Soudain je réalise que je ne capte rien. Je n'accède pas à son intériorité. Bizarre. Sans doute parce qu'il ne me regarde pas, ne veut pas de moi dans son monde.
10h35. Il bougonne, décroche le téléphone et compose un numéro. Mon numéro. Je ne crois pas me tromper, j'ai à peine le temps de suivre le parcours de son index sur les touches, mais je parierais que c'est mon numéro. Évidemment, ça ne répond pas. Je ne suis pas chez moi, je suis là.
"Je suis là... " Non. Il ne veut pas m'entendre. Il laisse un message "Bonjour, M. de Horla, je suis votre kiné. Nous avions rendez-vous à 10h30, je vous attends. Merci de rappeler si vous avez un empêchement." Raccroche, lève les yeux. Je me déplace de manière à occuper tout son champ de vision.  Un quart de seconde, nos regards se croisent. Ses yeux sont vides et perdus. On dirait qu'il louche à travers moi. Tout à coup, j'ai la trouille. Ce type fait peur, avec sa blouse, ses mains manucurées et son regard déserté. 

J'attends un autre quart de seconde. Il se lève, contourne le bureau massif en faux bois. J'ai juste le temps de m'effacer pour le laisser passer. Il me frôle -sensation étrange- et continue à m'ignorer.
"M. Gnangnan, venez avec moi, je vais vous prendre en avance. Encore un qui n'a pas assez mal pour honorer son rendez-vous, et même prévenir. "

Mon ventre se noue, je suis pris de coliques. Est-ce la colère ou la peur ?

Je m'assied dans la salle d'attente le temps de reprendre mes esprits. Je lui ai pourtant parlé ! Maintenant il est à côté, dans une de ces salles aseptisées. Je l'entends qui babille, pire qu'un coiffeur. Bon. Je vais attendre qu'il repasse, me lever à son arrivée, lui tendre la main, en le regardant droit dans les yeux, et m'excuser pour ce faux retard, parce qu'il est inutile de mettre mal à l'aise un homme stressé en lui rappelant qu'il vous a quasiment marché dessus sans vous voir. Je reste assis en attendant, bras croisés posés sur les genoux, le buste penché en avant. Comme ça, je vois de près mes avant-bras poilus, et les fils de la toile de mon pantalon. Ça m'occupe. Je respire pour prendre de l'assurance. En vain.

Le voilà. Je me lève d'un bond, ça tire dans ma jambe. Je tend la main, lance un sourire badin, plein d'innocence, couplé d'un "désolé pour le retard, hein ! Ah, j'en mets du temps à me déplacer avec cette fichue..." Il avance, vite, il est sur moi toujours impassible. Sensation glaciale, nuée blanche. L'espace d'un instant, le monde entier devient transparent.
..........................................

Je suis dehors, à nouveau sous la pluie fine. Il est 10h42. J'ai du m'évanouir. Le souvenir précis qu'il me reste : le kiné me traversant comme une lame glacée. Puis plus rien.
...............................................

11h15. Assis sur un banc. Transis de peur et de froid. Je transpire sous la pluie. Tremble. Grelotte. Que faire ? Je n'ose pas rentrer chez moi, affronter la solitude. En même temps, dans la ville, je risque à chaque instant d'être traversé de nouveau pas quelqu'un. Alors je n'ose rien. Même les pigeons font comme si je n'étais pas là. Ils rodent sur le banc, picorent les dernières miettes, s’assiéraient presque sur mes genoux. Pardon, je devrais dire "me traverseraient presque les genoux."
.............................................

15h. Il va falloir prendre une décision. Si j'avais appris que ma mère était morte ce matin, j'aurais été triste, j'aurais eu mal, mais j'aurais su quoi faire. Cercueil, frères et sœurs,  enterrement ou incinération, crématorium et couronnes de fleurs. Là, personne n'est mort,  il n'y a rien de changé, si ce n'est que je ne suis plus sûr de rien. A commencer par ma propre existence. Comment prouver, à soi-même et aux autres, qu'on existe ? Aux autres ? Nombre de possibilités s'offrent à vous : nourrir des conflits, pratiquer l'humour lourdingue, militer syndicalement ou politiquement, s'occuper des autres au point qu'ils ne puissent plus se passer de vous, etc... Mais se prouver qu'on existe ? Exister pour soi-même, en réalité, ça n'existe que dans vos rêves. Jusqu'au jour où vous vous faites traverser par un kiné trop propre. Et voilà. Comme si ça ne suffisait pas de ne pas avoir de vie, il faut aussi que je me retrouve sans existence.
...................................................


Et voilà. 17h14. 1er à gauche. Odeur d'encaustique dans l'escalier. J'ai osé passer la porte de chez moi. Chez moi : ce grand appartement que mon père m'a légué pour éviter qu'il ne revienne à se deuxième femme, celle qui l'a trompé tellement souvent, tellement longtemps et avec tant de gens différents qu'il a fini par la détester au point de lui reprendre tout ce qu'il lui avait offert, et même le reste. Le genre d'histoire à vous passer l'envie de la moindre amourette, pour peu que vous ayez été tenté. Une cuisine, un salon et trois grandes chambres, paisibles et calmes comme les cellules de nonnes ayant fait vœu de silence. Pas de quoi sauter au plafond mais quand je regarde les vitrines des agences immobilières - j'aime beaucoup les écrans lumineux qu'on y voit - j'ai l'impression que c'est presque indécent, tout cet espace vide, pour moi seul.
Bref, ici rien n'est différent, tout est serein, comme les autres jours. Je me rassure. Je vais me réchauffer. Prendre une douche. Chaude. Boire un chocolat. Chaud, lui aussi. Et tout va rentrer dans l'ordre. 

18h. Banlieue d'un ocre incertain. Immeuble en meulière. Parquet ciré.

Deux enfants dans l'escalier. Qui se chamaillent. Crient. L'un pleure, l'autre ricane.

La mère, poussant la porte, dit d'une voix égale, presque pas agacée :
"Allez, ça suffit, on rentre les garçons. Et tout le monde va se laver les mains avant de prendre son goûter. "

Le plus jeune file à la salle de bain. Fait couler l'eau, joue avec le savon, et soudain se fige.

...

"Maman, il y a encore de l'eau dans la baignoire ! Comme si quelqu'un venait de se doucher !"





mercredi 22 juin 2011

Lunar Park de Bret Easton Ellis

Chose promise, chose due... J'ai terminé ce roman depuis quelques semaines déjà, et je me dépêche d'écrire avant d'oublier.
J'avais envie de lire cet auteur depuis longtemps, son nom trottait dans ma tête comme un leitmotiv intérieur, bizarre, bizarre. Et puis belle-maman m'a offert Lunar Park...

Au démarrage, je me suis demandée où j'étais tombée. J'ai eu peur de l'effet best-seller américain, le sentiment que ça puisse être très creux, un peu mégalo, ou très bien. Ces oscillations ont vite cessé quand je suis entrée dans l'histoire.

D'abord, le personnage. Ultra-classique (quadra, écrivain à succès, polytoxicomane et volage) il n'en est pas moins attachant. Il excelle dans la veine "essaye honnêtement de se refaire une santé mais se laisse vite rattraper par ses vices, lutte gentiment avant d'échouer avec enthousiasme". J'ai beaucoup pensé à Djian (qui a quand même été mon auteur fétiche de 16 à... allez, 31 ans !) en lisant certaines de ses tribulations, c'est drôle. D'ailleurs, Djian, toujours en admiration devant les auteurs américains, parle ici de littérature en général, et de ce bouquin en particulier.

Ensuite l'intrigue. Extrêmement bien amenée, inattendue et captivante, justement parce qu'on s'attend aux péripéties courantes chez ce genre de grand ado de 40 ans. Une aventure avec une étudiante qu'il s'autorise à courtiser. En découlent inévitablement des ennuis avec sa légitime, dont il a pourtant tellement besoin sur le plan affectif... De pitreries en cachotteries, de cuites en bad trips, on pourrait s'acheminer vers du grand basique, simple et efficace pour passer un bon moment, mais rien de neuf sous le soleil littéraire.
Et puis non. C'est tout le contraire. Tellement c'est neuf, ça sent encore la peinture ! (hé oui, j'avais envie, arf !) C'est un patchwork, ce bouquin, un patchwork très bien réalisé, où tout est fondu et enchaîné. Il y a  bel et bien ce personnage trop classique pour être vrai. Il y a des éclairs de finesse psychologique, avec des vrais morceaux de souffrance dedans. Et puis il y a cette lente descente vers l'horreur et l'angoisse. On y croit, tout en se demandant quel est le sens de l'histoire. Et en définitive, on est un peu paumé. Au cours de la lecture, on s'attend à bien des choses. Mais ce n'est jamais ce qu'on attend qui arrive, et on est surpris jusqu'au bout. Bonne lecture !

mardi 7 juin 2011

H comme Hommage. Merde !

Jorge Semprun est mort.

Certes, j'aurais pu écrire un hommage quand Mano Solo est mort, et je ne l'ai pas fait, et c'est trop tard.

Ceci dit -et ça n'a rien à voir- je ne raterai pas une belle occasion de parler de Jorge Semprun.

D'abord vous parler de celle qui me l'a fait lire. Ce n'est pas quelqu'un que j'ai particulièrement en estime. Juste une Maître de Conférence rencontrée à l'IUFM quand je préparais le concours. D'origine argentine, elle ne jurait que par Jorge Semprun (prononcer Rhorrr'rhé Semmeproune, ce qui est la prononciation phonétique en espagnol, ou [ˈxorxe semˈpɾun] selon la phonétique officielle, eu égard à mes amis profs d'espagnol) et ça m'étonnait. Donc, j'ai lu. Et j'ai été encore plus étonnée.

J'avais 22 ans. Je vous le dis tout de suite, j'ai été subjuguée par Semprun, son acuité humaniste et son sens du récit.


Le grand voyage est glauquissime, et vaut Si c'est un homme de Primo Levi. Bien. Très fort, au delà de tout ce qui se fait aujourd'hui sur la déportation, forcément (un jour il faudra que je m'étende plus sérieusement sur ces romans qui gambadent sur l'extermination des juifs, parce que ça sent un peu le vomi, à force). Jorge Semprun raconte et raconte et raconte jusqu'à plus soif, avec dignité et sans artifice, le long voyage en train des déportés jusqu'à Buchenwald en 1943. Il publie Le grand voyage 20 ans plus tard.

L'écriture ou la vie donne du sens à nos vies. Aucun doute. Je vous passe les détails, mais votre quotidien n'est que peu de chose en comparaison. La difficulté de survivre à l'adversité totale, le questionnement sur les autres et soi, incessant et taraudant, et dans toute sa violence. L'écriture, et surtout l'amour, qui lui permettent de sortir de l'abîme. Et finalement, la vie qui gagne, comme en témoigne Adieu, vive clarté.

Adieu vive Clarté, c'est celui que j'aime le plus. Roman de la découverte, de la pureté adolescente à l'assaut de la vie, comme si rien de ce qui s'était passé avant n'avait atteint l'homme en profondeur... C'est un livre incroyable et grandiose. Je me souviens avoir, fraîchement arrivée à Paris, pleuré sur un banc, place de la Contrescarpe (celle que Semprun célèbre comme la plus belle de Paris, alors qu'il arrive à Paris et combat son accent espagnol).

Comme si tout mon humanisme était relié de près ou de loin à Jorge Semprun.


Et il est mort.

Depuis, j'ai lu des nouvelles, des textes plus ou moins bons ou mauvais, avec ce sentiment qu'il était revenu de tout. C'est étrange, incompréhensible, ou au contraire si simple. Faut voir. Mais il est tard, et il est mort.

Est-ce que ça change vraiment quelque chose ?


"... je cherche la région cruciale de l'âme où le Mal absolu s'oppose à la fraternité."
André Malraux


PS : ça ne se fait pas, mais je dédie ce billet à David, Bertrand (et Félix ?) que la lecture de J. Semprun a beaucoup fait rire.

mardi 24 mai 2011

La route - Cormac Mac Carthy

-Mode mauvaise humeur ON- J'aime pas les références bibliques dans les romans. Je n'y connais rien et ça m'énerve. Souvent ça teinte la littérature de mièvrerie, et je marche pas. Oui je sais il y a un trou béant dans ma culture. Et alors ? - Mode mauvais humeur OFF-

Malgré les références bibliques, qu'on trouve dès le début du roman, je l'ai lu jusqu'au bout. Parce qu'il y a quelque chose de fascinant dans l'écriture de Cormac Mac Carthy. Un père marche sur la route avec son fils, dans un monde dévasté, plusieurs années plus tôt, par des incendies et d'autres phénomènes apocalyptiques et guerriers qui n'ont rien laissé de vivant, à part quelques humains dont certains dévorent les autres. On ne sait rien des personnages, sauf qu'ils s'aiment, que le petit n'a jamais connu le monde d'avant le désastre et que sa mère a préféré prendre la tangente des années plus tôt en disparaissant, probablement pour se suicider. On ne sait rien de plus, ni de ce qui s'est passé, ni de l'histoire des personnages avant le début du livre, ni même de ce qui fonde leur espoir. L'auteur prend donc le parti de nous laisser penser qu'en dehors de ce qu'il raconte, les personnages et le décor n'ont pas d'existence, pas de passé, ni d'avenir. C'est rare chez les romanciers, courageux et très (trop ?) honnête !
Mais ce qui m'a fait rester sur cette route, c'est surtout que, dès les premières pages, j'ai eu froid. Malgré la chaleur qu'il fait chez moi en ce moment, malgré la sécheresse, ce livre m'a transie de froid et d'humidité. Dès qu'on l'ouvre, tout est gris, on entend tomber la pluie sur la bâche. Quand on ferme les yeux, on voit l'obscurité totale qui enveloppe les personnages, la nuit, quand ils n'ont plus de lumière. C'est ce qui est remarquable dans ce roman. A mon avis, ça fonctionne pour deux raisons : Techniquement, le vocabulaire est très précis et rien, dans les descriptions, n'est laissé au hasard. Sur le plan de la construction, puisqu'il n'y a rien d'autre que ces descriptions (peu de péripéties, presque pas de souvenirs, pas de perspectives ni d'espoir, pas d'explications) le lecteur se raccroche forcément à ce qui reste : le vent, la pluie, la mort, la grisaille. Envahissants.
Mais le parti pris de ne laisser d'existence à ces personnages que le temps de l'histoire prive le roman d'une part de sa crédibilité et de son intérêt. Les dialogues, qui pourtant sonnent juste, finissent par s'appauvrir et sonner creux. L'absence de péripéties devient ennuyeuse dans le dernier tiers du bouquin. Bref, vers la fin, j'ai eu hâte de sortir de cette galère ! 
Et, bien sûr, j'ai surtout regretté qu'il n'y ait aucun commentaires sur ce qui a conduit à ce désastre. Mais si Cormac Mac Carthy avait voulu faire un roman écolo, ce ne serait pas le même bouquin !

jeudi 31 mars 2011

C'est quoi ma littérature d'aujourd'hui ?

C'est ce billet de Paumadou qui m'a donné envie d'écrire sur cette vaste question. J'ai déjà dit ce que je pensais de Houellebecq, et je maintiens qu'il est sûrement très représentatif. Mais il n'est pas le seul.

Tour d'horizon de mes dernières lectures "contemporaines" et françaises* et tentative de "globalisation" :
Il y a Nancy Huston, que j'adore, et qui parle terriblement bien des femmes d'aujourd'hui dans son dernier roman, Infrarouge. Finalement, on y retrouve le parallèle entre l'art (la peinture surtout) et la vie, très présent dans le dernier Houellebecq.
Il y a Sylvie Germain, dont j'ai peu apprécié le fameux Magnus. Un jour j'écrirai ma lassitude et parfois même ma colère devant tout ces livres qui exploitent la seconde guerre mondiale comme ressort romanesque ultime. Je trouve ça facile et un peu écœurant, à force.
Il y a Véronique Ovaldé, dont j'aime la très jolie -et très poétique- écriture. Ses bouquins ne cassent pas des briques, mais on y trouve quand même un univers très particulier, de belles idées folles et un vrai sens de l'introspection.
Dans le même genre, un poil moins récent, il y a Jean Echenoz, dont je n'ai lu que Les Grandes Blondes mais que j'ai trouvé très fort. Là encore : une histoire, des personnages, un monde tout entier, dans lequel on se love avec un immense plaisir. C'est très inattendu comme écriture, et plein de subtilité. Une des plus belles découvertes de l'année dernière.
Et aussi, bien sûr, Philippe Claudel, dont l'excellent Rapport de Brodeck m'a laissée pantoise et m'a empêchée d'apprécier ses autres romans. Dommage, j'ai pensé que j'allais aimer Les Ames Grises, mais non, en fait. Glauque à l'excès.
Il y a encore Claudie Gallay avec ses belles Déferlantes, un peu longuettes, un peu fillette... J'ai préféré Dans l'or du temps, un roman qui croise histoire littéraire (Breton chez les Indiens Hopi) et histoire singulière (un de nos contemporains se sépare sur fond de vacances en Normandie). Chouette roman sur les rencontres inattendues et les affinités circonstanciées.
Et enfin, cerise sur le gâteau, il y a Marie Ndiaye. Après m'être longuement émerveillée devant son court roman Un temps de saison, où le fantastique est au détour de chaque page, je m'attaque désormais à Trois Femmes Puissantes. Alors j'en dirai d'avantage très bientôt.

Et puis il y a ceux que je ne lis plus. Il y a dix ans, si on m'avait demandé quel auteur je citerais en premier pour parler de littérature contemporaine, j'aurais dit Philippe Djian. Parce que j'étais complètement fan et qu'il disait sur la littérature des choses qui me parlaient (Entre nous soit dit, 1996 - ouais ok ça fait 15 ans, oh ça va !). Ben voilà, son dernier livre, Impardonnable, m'est tombé des mains, et sa série Doggy Bag m'a un peu gonflée. Surtout le parti pris de dire, en gros : puisqu'il faut que la littérature concurrence la télévision, autant faire une série, voilà. Beuh. J'avais trouvé ça tellement médiocre, surtout venant du rebelle des années 80, de l'auteur de 37,2 le matin, celui qui osait le premier écrire comme on parle.
Et j'ai essayé de relire du Le Clézio (j'avais bien aimé certains trucs quand j'étais ado) mais j'ai pas du tout accroché : j'ai trouvé ça pompeux et pompant, ronflant et peut-être trop "classique".


Bref, après ce racontage de "ma vie dans les livres", essayons de généraliser un peu : selon moi, ce qui caractérise ma littérature contemporaine (celle que j'affectionne), c'est le mélange des genres, la confusion, et la légèreté (qui n'est pas synonyme d'inconsistance mais de finesse). L'irruption du polar, du mystère, voire du fantastique, là où on les attend pas, les plongées oniriques au détour des drames psychologiques, l'enchevêtrement de la pensée sur l'art et la quête du sens de la vie, l'introspection mêlée d'humour. Il y a dans tout ça un côté "grand bazar" et beaucoup de subjectivité qui font que chaque roman est un monde à part entière. Il est donc difficile d'y voir un courant littéraire, si ce n'est dans cet aspect PatchWork/Tout est possible. Télérama a eu beau causer, en septembre dernier, des derniers romans de Houllebecq / Despentes / Ravalec en faisant un parallèle avec leurs autres sorties du début des années 90, je n'en ai lu qu'un sur les trois. C'est dire si la vie m'accapare...

Alors après cette brève tentative de réflexion, j'en viens quand même à citer des gens qui sont très présents sur la scène médiatique, et qui pour autant n'ont manifestement pas grand chose à dire sur la littérature, voire qui produisent une bouillie informe qu'un peu plus tôt dans l'Histoire on appellait littérature féminine (Brrrrrr.... un frisson me parcours l'échine... Danièle Steel est de retour ! Mince, ma grand mère est morte). J'ai nommé Anna Gavalda, Marc Lévy (ne pas confondre avec Primo, comme l'a fait, dans son CV une fille que j'ai reçue récemment pour une embauche -autant vous dire que j'ai eu beaucoup de mal à terminer l'entretien quand je suis tombée là-dessus, arf !) et un troisième dont le nom m'échappe mais qui aime aussi beaucoup se faire prendre en photo avec une barbe de trois jours (mais non, pas BHL ! Rhôôô les mauvaises langues !) Bah voilà, ceux-là, ils me gâchent le paysage, car une fois sur deux dans le métro je tombe sur quelqu'un en train de les lire et à tous les coups ça m'attriste profondément. Mais ils EXISTENT peut-être bien plus que les bons auteurs.

C'est un peu déprimant comme conclusion, non ? Bah tant pis, c'est fini :-)

*françaises, parce que, même si je l'oublie souvent, on cause de littérature "dans le texte", alors mes auteurs étrangers préférés, ils repasseront. Et puis je vais pas tout griller mon matos dans une seule chronique, non plus !

mercredi 30 mars 2011

Comment j'ai failli rester coincée au milieu d'un livre de Russel Banks

Pourfendeur de Nuages, qu'il s'appelle. Ceux qui lisent ici savent combien je suis raide dingue du monsieur. Il m'importait vraiment de lire ce gros roman historique d'un de mes auteurs favoris. D'autant plus qu'il m'était chaudement recommandé par des gens que j'apprécie, et que le sujet m'intéresse au plus au point (vie et mort de John Brown, premier et célèbre abolitionniste blanc aux Etats-Unis, juste avant la Guerre de Sécession).
Sauf que, voilà : j'ai ramé pour parvenir jusqu'au milieu du bouquin, pensant qu'à un moment ou un autre, l'intrigue allait "décoller", que ce rythme lambinant qui me rendait folle allait s'accélérer pour qu'on passe enfin aux choses sérieuses. J'ai cru que ça y était, plusieurs fois. Et puis non. Une fois posé le décor, ça continue, ça se répète, ça fait mine de creuser la psychologie des personnages, ça raconte des tas d'histoires sur les uns et les autres mais moi ça m'a surtout ennuyée.
Bah voilà. Ce que je vais vous dire maintenant, j'ai mis un peu de temps à l'accepter moi-même : je n'aime pas ce livre. Il me semblait bien que j'avais un penchant plutôt prononcé contre les romans historiques, mais là, ça se confirme...
Enfin ça m'a pris plusieurs mois - pauvre de moi qui ne lis que quelques pages par jour. Alors que Bret Easton Ellis, Marie N'Diaye, Column McCann et Dennis Lehanne m'attendaient bien sagement sur l'étagère. Si c'est pas malheureux !
Allez, à nous les Trois Femmes Puissantes !

mardi 1 mars 2011

Michel Houellebecq et la littérature contemporaine

En 2004, j'avais lu les Particules Elementaires, sans trouver ça très bon, mais avec un certain plaisir. J'y avais trouvé une amertume hors du commun et une certaine finesse d'écriture, et j'avais même cru partager quelques aigreurs avec le monsieur. Mais de là à trouver que c'était un vrai bon roman... non, quand même.
Et puis cette année, j'ai lu La Carte et le Territoire*. Et j'ai beaucoup aimé. Non seulement, j'ai aimé, mais je me suis dit que ce mec avait vraiment du talent, et en particulier celui d'ancrer son travail directement dans la réalité contemporaine, avec beaucoup d'habileté. Et je ne parle pas seulement de l'histoire, qui est tout à la fois : regard touchant sur les liens de filiation aujourd'hui, réflexion sur le marché de l'art contemporain et polar bizarroïde, (pas super bien ficelé mais pas raté pour autant). Je parle aussi de toutes ces excellentes idées qui font qu'on passe un bon moment : donner son nom à un personnage du roman, situer des personnalités réelles dans la fiction en les accablant d'attributs fictifs mais très drôles (Jean-Pierre Pernault est exceptionnel en visionnaire régionaliste homosexuel), décrire avec soin des tableaux imaginés de toutes pièces, mais qui en deviennent beaux tant ils prennent corps dans l'esprit du lecteur, et oser le grand bond dans l'anticipation à la toute fin du roman... Bref, il n'y a pas de quoi s'ennuyer chez ce Houellebecq-là.
Mais ça va au delà du simple plaisir de la lecture. Oui, c'est bien écrit. Oui, on passe un bon moment. Mais en plus de (tout) ça -et c'est comme ça que je comprends l'attribution du Goncourt- on dirait bien qu'un tel roman soulève plein d'interrogations, toutes justifiées, sur la société d'aujourd'hui : sur le matérialisme outrancier, la surconsommation, la spéculation sur l'art contemporain qui lui fait perdre tout sens, et aussi sur la question du bonheur envisageable, de la naissance de l'amitié et de l'échange qui reste possible entre les générations. Certes, Houellebecq est toujours aigri. Ma copine Blondie le trouve toujours aussi imbuvable et ne veut pas ouvrir un seul de ses bouquins. Mais il y a ce changement de regard, du cynisme radical et amer au cynisme pacifique et "humanisé" qui donne envie de le lire d'avantage.
A partir de là, est-ce qu'on peut parler de Michel Houellebecq et de la littérature contemporaine ? Il me manque une grosse partie de sa biblio pour en dire quelque chose de correctement étayé. Mais quand même, ce dernier roman vise juste, parce que justement il touche à tout et parvient à relier des sujets qui n'ont rien à voir a priori, et en donnant un image, très personnelle mais très "globale" de la société occidentale d'aujourd'hui. Et toucher à tout, relier ce qui n'a a priori rien à voir, et donner haut et fort son avis, même polémique, si ce n'est pas typiquement d'aujourd'hui, qu'est-ce que c'est ?

* En plus, c'est intelligent : n'oubliez pas de lire ici un petit résumé de la pensée de Korzybski, fondateur de la sémantique générale, dont le célèbre aphorisme a inspiré le titre du roman.