mardi 4 septembre 2012

La rentrée du blog : de la préciosité du temps libre et autres angoisses

Il faut bien reprendre un jour. 
J'ai attendu, pensé à ce moment tous ces derniers jours, repoussé, reculé pour mieux sauter. Et pourtant me voilà au pied du mur. Seule, avec un ordi et un bon paquet d'heures de liberté devant moi, dont je vais devoir trouver la force (le courage-la méthode-l'énergie-la ténacité) de faire quelque chose... C'est vraiment l'angoisse du moment. Certes, cet été n'a pas été très drôle, mais tout s'arrange : des pages se tournent, des inquiétudes se taisent. Et puis août est parti, "on aurait vraiment dit qu'il agitait les mains pour dire au revoir"*, et j'arrive devant septembre. La lumière est belle, je suis reposée, en forme, prête, avec une envie d'écrire plus réelle que jamais, doublée de cette crainte de ne pas parvenir à profiter de cet espace de liberté dont je mesure la rareté. Voilà le nœud : c'est tellement précieux, il ne faut pas gâcher. C'est précisément là que tout se complique !
Par quoi commencer ? Me remettre bille en tête au travail sur le roman me paraît difficile. Comme si le fait de l'avoir laissé en plan depuis trois longs mois l'avait dangereusement éloigné de moi. Comme si j'avais besoin d'un échauffement. Comme si je n'osais plus. Comme si je doutais de mes capacités à mener ce projet à son terme. 
Sensation de vertige. "Arrête de palabrer, ne dévale pas la pente, raccroche-toi aux branches" se dit-elle. "Non, non, si je cesse de parler, tu vas voir : je vais me diluer dans les tâches ménagères, disparaître aux yeux du monde, me transformer en fer à repasser ou finir engloutie par la machine à laver... Nooooooon !"
Trêve de cauchemar. Revenons à nos moutons. Admettons que j'aie besoin d'un échauffement. Ou que je me laisse guider par mon envie, pour surmonter cette "angoisse de la préciosité du temps libre", celle-là même qui me pétrifie et me pousse à planifier sans cesse et sans tenir compte de mon désir. Elle est peut-être là, la solution. 
Alors que je commençais ce billet avec en tête une liste de textes "à paraître sur le blog", je vais terminer avec ça : pas de planning ! Un mois de septembre au gré de mes envies, c'est tout ce que je vous promets... Tiens, j'ai faim !

*Citation tirée du livre d'Haruki Murakami, Autoportrait de l'auteur en coureur de fond.

jeudi 14 juin 2012

Les heures

Heure [1]
Et puis je n’ai plus pensé qu’à toi parce que mon cerveau vide sans personne pour l’habiter ce n’était pas vivable j’ai rêvé ton corps jusqu’à l’absurdité imaginé ce baiser répété des milliers de fois sans trouver jamais le bon angle je n’y crois pas et pourtant j’ai évoqué jusqu’à l'obsession tes yeux sombres cernés d’insectes noirs qui ondulent sur mon cœur amolli. J’ai pensé mille et une fois à toi à toi à toi pour ne pas penser à moi à moi à moi j’avais peur de l’amertume et de la désillusion du risque à m'amouracher si fort et si brutalement et si je m’étais trompée sur toute la ligne (de métro) et si ce train pressé avait fait tourner en moi une chimère prétentieuse et limpide selon laquelle tu me désires ? La seule utopie valable celle d’un baiser rendu fou par l’urgence et volé là sur le bord blanc bosselé du quai.
Elle est longue l’heure où je m’essouffle à vaticiner dans chacun de nos recoins amoureux à battre la campagne à la suite de toutes petites impressions qui dressent les murs de cette maison dans laquelle tu veux de moi. Elle est longue l’heure et j’y prends un plaisir malin comme un bébé avec son pouce comme quelqu’un qui veut s’en aller du monde et flotter entre deux eaux pour toujours c’est un délice insatiable une rêverie inassouvie dont rien ne peut me tirer sauf peut-être toi si tu étais là mais tu es déjà loin perdu dans un livre égaré dans je ne sais quelle pensée simple ou malhonnête.
Car je ne sais à quoi ressemblent tes pensées ton altérité abrupte et sans appel me renvoie comme une balle contre le mur de la solitude insondable et me confine au bord du gouffre petite fille paumée dans le vent véhément qui agrippe ma robe et griffe mes joues humides et blanches.

Heure [2]
Et puis je n’ai plus pensé à toi, parce que ce n’était pas utile de traînasser autour de cette envie vague et douloureuse et pas seulement charnelle. Il fallait fuir aussi le désir d’être collé à toi pour toujours, comme une bouée qui serait prolongement, un morceau de moi. Je n’ai pas voulu, je préfère disparaître en coulée ventrale tel un serpent, un lézard ou un macareux solitaire, car je sais l’isolement mieux que quiconque ici et j’ai rangé depuis longtemps les mirages avec les songes et le reste des trompe-l’œil. J’ai jeté la plupart des fièvres et des ivresses avant de remettre le couvercle et de m'asseoir dessus, tranquille pour longtemps. Depuis je ne me souviens même plus avoir vraiment rêvé. Enfant j’étais déjà malheureux, il m’a fallu des saisissements toujours plus forts jusqu’au jour où tout a explosé, j’ai du ramasser les milliers de morceaux de moi à la main et ce fût très long. Éparpillé partout, je me suis réparé comme j’ai pu et promis de ne plus jamais souffrir ni souffrir. Le plus sûr était de capituler avant tout combat, abstention à l’histoire, désistement de la vie. Je n’ai pas voulu réfléchir ton regard avec mes yeux tristes, car je ne suis pas un miroir, ou alors sans tain.
Elle est longue cette heure où je m’efforce d’éviter l’assaut de toi dans mes pensées... Laisse-moi, laisse-moi seul avec moi, je n’ai besoin de personne et surtout pas d’une désespérance supplémentaire. Va t’en s’il te plaît loin de mon esprit qui ne sait plus s’abandonner au transport amoureux. Il n’y a rien d’aisé dans la chute sentimentale : il faut conjurer le sort, s’obstiner et se résoudre à endurer l’accroche à l’autre, alors que tu ne seras jamais complètement mienne, jamais complètement l’aile brillante d’un palais que nous bâtirions à mains nues.
Alors il vaut mieux partir en regardant le sol grisâtre, oublier les constellations, la fleur rouge et l’invasion du désir qui parfois obscurcit ma raison. Rentrer au château-fort et contempler le monde à travers les meurtrières de ma pensée.




Vous aimez ? 
Lisez la première partie : Les Minutes 
Et la suite : Les Jours



mercredi 13 juin 2012

Tentative d'épuisement d'un lieu parisien (à la manière de Georges Pérec)

Jardin Villemin, Paris 10ème.
8 juin 2012.

15h15 - Au pied d’un gros arbre, près de l’entrée située à l’angle de l’Allée du professeur Jean Bernard et de l’avenue de Verdun.
Un homme un peu âgé passe avec un parapluie.
Un pigeon roucoule. Je suis abritée par l’arbre, assise sur ses racines, au sec alors que tout est mouillé. La pluie vient de tomber, soleil de retour.
Un femme passe. Puis deux hommes. dont l’un me souhaite bon courage.
Puis un homme vêtu d’une veste claire et d’un chapeau.
Un jeune homme, de type asiatique, coiffé d’une casquette. Déjà croisé tout à l’heure
Un homme vêtu d’un blouson clair avance en téléphonant, et regarde autour de lui d’un air inquiet.
Un homme avec un parapluie mauve. Les pigeons qui s’écartent devant lui.
Une femme, grande.
Un homme étrange vêtu d’une doudoune, porte un attaché case en plastique vert turquoise. Apparence évoquant la pauvreté.
Un homme noir avec un polo mauve.
Un homme noir avec une cigarette et une bière, s’approche d’un banc en marchant, en sandales, dans les flaques d’eau. Pose sa bière sur le banc en face de moi, et observe, debout, les joueurs de pétanque situés de l’autre côté de la petite barrière. Je vois son dos.
Un groupe passe.
Un homme avec un grand sac de voyage. Jette quelque chose dans la poubelle puis replace son grand sac sur son dos.
Une femme âgée avec des lunettes de soleil.
Un jeune homme (lycéen ou étudiant ?)
Un autre jeune homme. Même interrogation.
Un homme âgé avec une casquette et des lunettes.
Une femme âgée avec un sac plastique rose. Ralentit pour regarder les joueurs de pétanque en passant. Elle a envie de jouer, ou la pétanque lui rappelle des souvenirs heureux ?
Une éclaircie. Les pigeons roucoulent.
Le jeune homme noir à la canette de bière est toujours debout à côté du banc.
Coup de vent.
Un homme, la soixantaine, chemise, passe en fumant, se lisse les cheveux, très blancs.
Une femme jeune, bottes fourrées et doudoune.
Une adolescente fixée sur son portable.
Un homme d’âge moyen, sac au dos, marche en regardant par terre.
Un jeune couple. Lui : lunettes de soleil. Elle : jean et bottines marron clair.
Une femme avec une poussette.

Un peu plus loin à droite, je vois le petit chalet devant lequel sont rassemblés un groupe d’hommes très bruns, la peau mate. Je les ai vus en passant, la première fois.
A côté, côté terrain de pétanque, un autre petit chalet. Des boulistes, têtes chenues.
CLUB
LA BOULE DU DIX ? (je suis trop loin)
Des gens passent.
Juste à ma gauche, une petite pelouse.
Un couple de trentenaires, vêtus avec élégance, sortent du jardin.
Devant moi, sur la gauche : la sortie.
Un homme avec un keffieh sur la tête et un pantalon de treillis téléphone. Il est avec un autre homme en baskets.
Deux femmes qui parlent en marchant, l’une près de l’autre. Sac BATA. Haut corail vif.
Un homme avec une poussette. Le bébé a un bonnet et des joues rebondies.
Un homme en K-Way, hâte le pas.
En face de moi, à travers les arbres, j’aperçois un immeuble blanc, haussmannien, moderne.
Un homme vêtu d’une veste en cuir sur un pull bleu électrique, lunettes de soleil.
L’homme à la bière quitte le banc.
Passe un autre homme, noir, avec un sac à dos.
Un trentenaire pressé téléphone.
Encore un homme-sac-à-dos.
Une paire d’hommes sort du parc. Sac à dos / lunettes.
Un jeune homme.
Deux hommes encore !
Un homme en jean veste de sport verte baskets sac-à-dos fume. Fait soudain demi-tour et me regarde un instant.
Trois jeunes garçons arrêtés près du banc, sweats aux couleurs unies et tranchées. Ils s’immobilisent en formant un carré parfait, deux devant, deux derrière. Fixent quelques instants les vieux boulistes. JAUNE / ROSE / VIOLET / BLANC. Tous très bruns, peaux mates. Scène splendide et fugace. Envie de photo. Ils repartent.
Un homme la soixantaine, sans sac-à-dos.
Un jeune homme, grand, téléphone sur l’oreille, fume. Stationne près du banc.
Une fille en ballerine bleues se hâte.
Le grand jeune homme parle au téléphone dans une langue étrangère. S’assied sur le dossier du banc. Fume toujours.
Une trentenaire ronde. Du jaune et du noir.
L’homme du banc crache. Me regarde.
Un homme âgé marche lentement. Les pigeons se déplacent à peine à son passage.
Deux femmes, dont une en jupe noire, talons et haut rose fuchsia.
Deux hommes encore entrent dans le parc.
Un homme à capuche arrive près du banc. Salue celui qui est assis sur le dossier. Ils discutent, langue étrangère.
Deux lycéens passent, suivis d’une femme en ballerine panthère. Sortent du parc.
Un homme âgé, l’air très pauvre, me dévisage. Marche en direction de la sortie, et se retourne encore pour me regarder. Il porte un pantalon vert kaki et des baskets bleues usées.
Deux hommes jeunes passent, comme au ralenti.
Un homme âgé entre dans le petit parc du terrain de boules, rejoint les pétanquistes. Assez vite, je ne le vois plus.
L’homme du banc est debout de nouveau. Crache encore une fois.
Un grand homme jeune, nonchalant, passe près de moi. Lunettes et converses.
Quatre hommes, dont deux parlent une langue étrangère.
Un homme, âgé, d’apparence très pauvre. Casquette et sac à dos rouge usé et sale.
Les deux quittent le banc et passent près de moi.
Un homme blanc en short.
Un homme noir avec un sac jaune.
Un homme (sans domicile fixe ?) titube, vêtements sales mais un gros trousseau de clés accroché autour de son cou. Surprenant.
Une femme passe en courant. Jupe noire et sac jaune GIBERT.
Un homme jeune entre dans le terrain de pétanque.
Deux hommes très bruns, peau mate, sac-à-dos-baskets. Migrants ?
Une femme porte un cabas rose et marche avec une béquille. Suivie par une petite adolescente qui traîne une valise à roulettes et porte un sac plastique Orangina. Touristes ?
Puis trois femmes à la suite. C’est rare !
Cris d’enfants. Ils sont arrivés dans le parc à jeux situés derrière moi.
L’homme à la casquette bleue repasse avec son sac-à-dos rouge et consulte son portable.
L’homme qui m’a dévisagée tout à l’heure repasse.
Encore deux hommes jeunes qui parlent une langue étrangère.
Un homme jeune marche en regardant derrière lui. Il percute presque de plein fouet homme plus âgé. Puis il attend un autre homme qui porte deux sacs-à-dos. Toujours la même langue étrangère.
Je me demande soudain quelle langue parlent les afghans.
Un homme avec un grand sac à dos et une doudoune.
Du  vent. Des cris d’enfants qui jouent.
J’ai mal à la main. Le banc le plus proche a l’air d’avoir séché. Je vais m'asseoir dessus.
Non. Il est couvert des crottes d’oiseaux. Je reviens sur ma racine.
Deux jeunes hommes déjà passés repassent.
Un homme en short gris et veste en cuir.
Un couple.
Je change légèrement de place au pied de l’arbre. Je vois mieux le parc à jeux et les enfants.
Encore un homme qui crache en passant. Sans sac à dos, veste en cuir.
Il passe devant moi, puis, devant le banc suivant, il fait brusquement demi-tour. Sort un mouchoir de sa poche, essuie longuement le banc et s’y installe. Boit un Coca-Cola.
A gauche un homme noir, âgé, porte un pull vert et des lunettes de soleil.
Deux femmes. Beaucoup de mauve.
L’homme jeune sur le banc à ma droite, celui qui a essuyé son banc, fouille dans sa poche. Longtemps.
Une femme noire, une femme blanche.
Un homme. Puis un groupe de cinquantenaires un peu hippies. Deux hommes et deux femmes.
Je change de stylo pour un noir, qui va mieux.
Petit garçon à lunettes, blouson rouge.
Trois femmes jeunes debout au milieu du parc à jeux.  
Les enfants crient et chantent “Madame Maya ! Madame Maya ! (trois fois)
Un homme, trentenaire, blanc.
Trois préadolescents :
            un noir à casquette
            un blanc à sac à dos rouge
            un asiatique à sac à dos vert
Un homme en jean baskets
Le même homme en pull vert et lunettes solaires que tout à l’heure.
Une femme ronde écharpe blanche et vêtue de noir.
Des pigeons...
Toujours le même jeune homme avec son gilet à capuche. Fume.

L’homme croisé à l’entrée du parc, toujours déambulant et bavardant au téléphone.
Le jeune homme qui fume repasse et me regarde. Je me demande si je vais devoir m’en aller.

Une jeune fille brune.
Une femme rousse en talons.
Une femme mince avec deux sacs à mains, vêtements clairs.
Un homme en chemise et veste de cuir. Sac jaune GIBERT et lunettes solaires. Passe en regardant son mobile.
Rayon de soleil. Vert, éclaircie.
Deux femmes, deux poussettes doubles, bien remplies, quatre enfants.
Le jeune homme qui a essuyé sa place sur le banc est toujours là.
Un homme blanc avec un sac à dos.
Une femme, poussette rouge et bébé allongé.
Un homme tee-shirt bleu, baskets rouges.
Un homme passe en courant devant moi, me regarde en disant “il y a de belles jeunes filles ici”.
Les préadolescents ressortent du parc après avoir chahuté.
Un homme noir avec un foulard.
Trois femmes de suite !
Une femme encore... Non ! C’est un groupe de femmes !
K-Ways... Touristes ?
Une femme noire au téléphone.
Une femme avec un sac Fnac.
Un homme avec un pull à rayures vert.

15h45. J’ai vraiment mal à la main (annulaire + auriculaire). Envie d’être au soleil.
Je bouge.

lundi 28 mai 2012

Le Billet du Lundi : ça suffit !

Bien. Voilà. On est lundi soir, férié en plus. Je ne pouvais vraiment pas me mettre en grève une fois de plus. Sauf que. 

Sauf que je m'aperçois doucement que la lecture (rapide, certes) de quelques 900 éléments hebdomadaires attrapés ici et là par mon reader préféré s'apparente de plus en plus à de la procrastination active... Vouivouivoui.
Parce qu'au départ (vous vous rappelez ?) j'avais plutôt prévu d'écrire un roman. Et qu'un roman, ça ne s'écrit pas en se baladant sur le net à la recherche de bidules à partager, même des bidules très chouettes avec des gens sympas.
Alors oui, cette activité m'apprend beaucoup. Oui, j'y prends un plaisir certain. Oui, mon blog s'en porte bien mieux mais... Pendant ce temps-là, ça n'avance pas !

Voilà ce que je vais faire : d'abord, me calmer un peu. Ralentir le rythme du blog. Mettre à profit le peu de temps dont je dispose pour écrire un peu plus, avec patience et ténacité (si si).
Et je reviendrai dès que j'aurais de bons morceaux à vous faire lire...*

Bien à vous, 
J. 



*Et en attendant, si je vous dis que je vais manger des mirabelles à l'eau de vie en regardant le premier épisode de Mad Men, vous me croyez ?
(Non parce que les résolutions, c'est comme les robes : faut pas les enfiler trop vite !)

vendredi 25 mai 2012

A quai, encore ! (1)

Paumé dans mon livre
sautant du train
ahuri
endormi
et soudain éclaboussé par ton image

Rêve éveillé.
attente surprise événement / inopiné
Faire briller la vie.

ces animaux sauvages nous entourent dans l’instant.
Le monde en a pris un coup :
regards hallucinés
les sourires encastrés dans nos bouches par le désir.
si on tombe qui sait où s’arrêtera la course folle la chute au fond du fond du
gouffre des enfances emmêlées
ma tristesse au miroir de ta souffrance

dents blanches écartelées
ton rictus même plus forcé.
énergie liquide
carapace contre le vide
contre l’ennui
l’immobilité désagrège ta pensée
et donne toute sa place au
creux dans ton ventre.


Voir
tes seins nus
la couleur de tes constellations
et aussi l’arrondi de tes cuisses.
coller ma bouche à cette fleur rouge
me régaler de tes intempéries.
Tout contre cette mort
sirupeuse et lente.


Que faire ? Enchevetré entre l’absurdité du monde / l’incongruité de ta présence
je te préferais de tellement loin.
juste un plaisir charnel
après tout
ce n’était déjà pas si mal

Rien d’autre que
ce coin de bitûme qui fait quai
tu me regardes avec tes cils
pointés vers le ciel
tes yeux perçants carbonisant
toute
ma carcasse fatiguée

je regarde
autour de tes hanches
le désir de toi
ton oeillade éclairée me met à nu
Soudain l’éclair
fulgurant
ton regard
volonté vive
résolution implacable : bousculer le monde
d’une folie soudaine et terrible
et rafraîchissante
J’ai vu venir ton joli nez si près du mien
déjà tu piquais ma joue de ce baiser tendre
ni simple incartade ni assaut brutal
juste une belle insolence amoureuse

Remué chaviré attendri jusqu’au ventre
ton ardeur dévorante a tout fait fondre
il n’y a plus rien de trouble au fond de moi.

je ne suis que fadeur
insignifiance
ne sait pas tenter d’être fou
ni extravaguer aussi loin et aussi fort avec toi.
Ravalant mon désir amer
les breloques de mon coeur transpirant
Ma voracité pour tes cuisses
cette faim immense de toi entière
sourires troublés
langueurs éperdues
belles litanies de mots simples pour parler parler parler
plutôt que se toucher alors que c’était
ce qu’il fallait faire.

L’abdication est une trahison.





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A quai, encore ! (2)

(Humeur) Moi rêvée : folle, fêlée, fantasque.                             
La minute entre deux trains.
(Vision d’ensemble) Toi saisi, mais radieux.

(Ligne de mire) La fleur de ton sourire. Tout ton corps en tête.

(État) Cœur dans gorge, mains tremblantes. 14 ans.


Tu regardes quoi ? De quelle couleur est ma peau ? (oui, il y a autant de taches ici-partout que sur mon visage)

(Nous) Limitrophes, égarés, reclus,
Dans un conte audacieux peuplé de lynx miniatures. Sorcières et louves en vrac.

J’étais là, avec un e, plus que jamais féminine. Plus que jamais le personnage de cette histoire que j’invente à mesure de nous.

(Pourquoi ?) Pour des folies enivrantes, mes tréfonds noirâtres.

Faire barrage à ta sagacité,
Et aussi : regarder tes hanches à travers la toile, imaginer le vallon qui descend sous ta crête iliaque jusqu’entre tes cuisses et me repaître de ton visage parce que jamais je n’en ai  assez.

(Projet) Bouffer tes lèvres avec un peu de brusquerie, glisser mes mains sous tes fringues et sur toute ta peau,

Embrasser ensuite tes cils et l’aile droite de ton nez,

(Objectif) et mettre mes seins devant ta bouche. Devine ?

Mais les sillons si fins qui font glisser de la beauté le long de tes joues... Ils m’appellent ! Tac !

(Action) Chacun a regardé, avec le sourire,
Cette petite intention bizarre
Se faire éconduire.
Ce caprice extravagant,
Ce désir saugrenu
de précipiter ma bouche sur la tienne,
S’en aller, la queue basse. (Mauvais jeu de mot)

(Ce qu’il reste)
2 humains hagards et mal réveillés.
Et dans ma tête : pas plus de folie que dans la tienne.

(Bilan) La précipitation est une faute de goût.





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