mardi 30 avril 2019

Semainier ou peut-être journal #4 En direct de Super U et de l'orthodontiste

Et puis j'ai eu envie de faire comme Xavier Selva, la liste de mes escales. Qu'ai je lu, vu, pensé, ces dix derniers jours ? 

J'ai lu le roman de Fabcaro, Le discours, qui m'a beaucoup fait rire au début, attristée aussi, mais au fil du texte je me suis un peu lassée, j'ai trouvé que ça devenait un peu mécanique et répétitif, cette façon de déplier chacune des obsessions jusqu'à la lie, à la fin je ne marche plus. Je préfère de loin ses BD bien plus absurdes et incisives. En parallèle je lisais Thérèse Raquin, plutôt pendant les insomnies, au départ par soutien pour J. qui doit le lire pour le lycée, et puis finalement je travaille à relever deux ou trois choses qui m'ont semblé frappantes, si j'arrive au bout de la réflexion sans renoncer je publierai un billet avant la fin de semaine. Je suis toujours engagée dans la lecture de Clonk, de Pierre Barrault, chaque soir je m'endors dans ce lieu étrange. J'écrirai un texte à son sujet mais ça va me prendre du temps, et avant je voudrais terminer l'écoute des Chemins de la philosophie sur Lacan.

J'écris ce billet à Super U, d'abord à la boucherie en attendant une épaule d'agneau que je ferai en curry à la fin de la semaine, puis à la caisse. De bon matin le magasin est plein de personnes âgées, leur extrême lenteur me laisse le temps de rêvasser ou bien d'écrire. Je suis en vacances mais le temps me presse, je me sens toujours débordée, urgente à réaliser les projets qui surgissent. 

Cette nuit de forte insomnie, j'ai pu commencer la lecture des Nouvelles de la ferraille et du vent, d'Hedi Cherchour. La préface de Charles Pennequin m'a fait violence au creux de la nuit, il commence en parlant de tous ceux qui lui envoient de mauvais textes, et qui sont de mauvais poètes contemporains parce qu'ils ont trop peu lu et pris trop de hauteur par rapport au monde. Même si je comprends bien ce qu'il veut dire, et parce que je comprends bien ce qu'il veut dire, et justement parce que chacun de ses textes me sidèrent et m'emportent, je me sens personnellement attaquée dès lors que quelqu'un que j'estime parle de mauvais auteurs. C'est une maladie pénible, j'espère guérir bientôt. 

Les textes - le texte devrait-on dire je crois - d'Hedi Cherchour est effectivement très puissant. Peut-être que j'en dirai davantage un jour. Je suis heureuse de l'avoir commandé pour ma mère. Avec ce livre et le Tardigrade de Pierre Barrault, elle sera déjà bien équipée pour l'année qui vient. Une autre chose plaisante : j'ai repris à courir presque chaque jour, l'entorse n'est plus ou se fait entendre discrètement, par petites touches. Je suis allée deux fois dans la garrigue caillouteuse et entorsogène, tout s'est bien passé. Mon corps retrouve un peu de sa forme habituelle et il recommence à me donner des sensations agréables. Sans doute que mes quelques sorties à vélo n'y sont pas étrangères. Et puis la chaleur arrive enfin, 20° ce matin à 9h ! Voilà qui va m'aider à supporter le manque de sommeil. 

Maintenant j'écris de la salle d'attente de l'orthodontiste qui est en train de poser un appareil à F. Quand nous sommes arrivés, la secrétaire s'est écriée : "c'est aujourd'hui le grand jour !" avec un sourire énorme. C'était étrange j'avais l'impression de venir pour un mariage, je me suis même demandée si Stewen Corvez était dans le coin avec son appareil. En début d'après midi j'ai fait une courte sieste après une vidéo de François Bon, j'avais repéré qu'il parlait d'une jeune femme écrivain et thanatologue, Maude Jarry. D'une part je suis bigrement intéressée par son travail, ce que j'ai entendu me plaît. D'autre part ce que dit François de ses ateliers et de ce qui se passe dans la décennie qui suit m'a un peu apaisée. En ce moment c'est simple comme binaire : qu'on parle de mauvais auteurs et je suis blessée, arrêtée net dans ma course, qu'on parle d'une auteure qui chemine et aboutit peut-être dix ans plus tard suffit à me relancer...

J'ai aussi dégusté avec un infini plaisir la vidéo de l'émission "Qu'est-ce qu'elle dit Zazie ?", et les vidéos de Guillaume Cingal, la première du cycle sur Robert Pinget que je découvre, et  celle-ci sur Zola, qui m'a bien plu et fait rire. Et puis j'ai passé une journée entière sur JF Lyotard, La condition post-moderne. Ce bouquin m'accompagne depuis longtemps, et je le relis maintenant avec une idée précise en tête, liée à cet article de Julien Simon et à une discussion  initiée sur facebook par François. Bref, j'ai besoin de Lyotard et de Barthes pour me recaler sur récit, fiction, narration, langage avant de poursuivre un projet de réflexion-écriture sur les fake news. Mais aujourd'hui avec le manque de sommeil c'est difficile, alors je blogue...


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