-Mode mauvaise humeur ON- J'aime pas les références bibliques dans les romans. Je n'y connais rien et ça m'énerve. Souvent ça teinte la littérature de mièvrerie, et je marche pas. Oui je sais il y a un trou béant dans ma culture. Et alors ? - Mode mauvais humeur OFF-

Mais ce qui m'a fait rester sur cette route, c'est surtout que, dès les premières pages, j'ai eu froid. Malgré la chaleur qu'il fait chez moi en ce moment, malgré la sécheresse, ce livre m'a transie de froid et d'humidité. Dès qu'on l'ouvre, tout est gris, on entend tomber la pluie sur la bâche. Quand on ferme les yeux, on voit l'obscurité totale qui enveloppe les personnages, la nuit, quand ils n'ont plus de lumière. C'est ce qui est remarquable dans ce roman. A mon avis, ça fonctionne pour deux raisons : Techniquement, le vocabulaire est très précis et rien, dans les descriptions, n'est laissé au hasard. Sur le plan de la construction, puisqu'il n'y a rien d'autre que ces descriptions (peu de péripéties, presque pas de souvenirs, pas de perspectives ni d'espoir, pas d'explications) le lecteur se raccroche forcément à ce qui reste : le vent, la pluie, la mort, la grisaille. Envahissants.
Mais le parti pris de ne laisser d'existence à ces personnages que le temps de l'histoire prive le roman d'une part de sa crédibilité et de son intérêt. Les dialogues, qui pourtant sonnent juste, finissent par s'appauvrir et sonner creux. L'absence de péripéties devient ennuyeuse dans le dernier tiers du bouquin. Bref, vers la fin, j'ai eu hâte de sortir de cette galère !
Et, bien sûr, j'ai surtout regretté qu'il n'y ait aucun commentaires sur ce qui a conduit à ce désastre. Mais si Cormac Mac Carthy avait voulu faire un roman écolo, ce ne serait pas le même bouquin !