dimanche 7 octobre 2018

Le Nord du monde, de Nathalie Yot

C'est un livre difficile et léger. Difficile à penser, difficile à parler. Après coup, on se dit que la première moitié est presque légère. Au milieu du livre, presque soudainement, vient l'amour fou d'une femme adulte pour un enfant. Un amour qui n'a pas grand chose de maternel, ou alors... En tout cas, tout s'épaissit constamment avec ce roman. La parole de la narratrice va à rebrousse poil du tabou, tout le texte s'écrit dans l'envers de l'interdit anthropologique. Mais elle y va avec le naturel de la folie. Et tellement de tendresse pour dire. 

La subjectivité radicale de celle qui parle. L'ignorance de l'autre. Sans cesse, le texte nous rassure, tente de nous tirer du malaise en même temps qu'il nous met dedans. On flotte entre deux eaux, entre trouble et légèreté ; l'un se nourrissant de l'autre, l'un se jouant de l'autre.

 La narratrice s'autorise des ellipses inattendues, des grands sauts d'histoire, comme pour déstabiliser un peu plus. Et puis le dépouillement des décors, le dénuement des lieux, qui nous emmène loin dans les profondeurs du personnage, sans jamais trop en dire. Et un dénouement qui nous laisse avec toutes les questions ouvertes par cette aventure rare.

Il fallait bien la solidité d'une écriture comme celle de NatYot pour raconter une histoire pareille. 
 
Et pour entendre un extrait, c'est par ici.