Tout a commencé par une
brève et première rencontre avec Françoise Durif à Lyon, où j’étais de
passage, et où nous avons commenté nos satisfactions respectives de
voir redémarrer bientôt l’atelier d’été.
Nouveau : une photo de l'auteur cachée dans un atelier d'écriture ! 😄 |
Tout a continué avec un
atelier d’écriture avec les écrivains turbulents, dont il faut
aller lire les merveilleux textes ici.
Épaississement de la magie au cours des trois heures animées par
Joël
Kerouanton autour du livre de Thomas Vinau « Des étoiles et des
chiens, 76 inconsolés », et de figures ou artistes écorchés,
décalés, rebelles, nous ayant marqué, nourri ou consolés. Très
beau mélange des gens où ceux à qui il manque quelque chose ne
sont pas ceux qu’on croit, où ce qui se nomme lacune apparaît
pleine prise dans la poésie. Après la performance collective où
nous lisons chacun nos textes sur la scène, il m’est difficile de
franchir le ravin qui me sépare de la table ronde « poème,
image, son » où le propos, quoique fort pertinent et ciselé,
me paraît soudain tellement ordinaire, inaudible et rasant après ce
que je viens d’entendre, que j’ai l’impression qu’il flotte
dans l’air une odeur de renfermé.
Me voilà donc à faire un
tour, jusqu’à trouver les éditions publie.net qui représentent
toujours un centre de gravité rassurant dans ce genre d’immensité
livresque qu’est le Marché de la Poésie. Le temps de saluer
Guillaume Vissac dont je tente d’imaginer ce qu’il va raconter
dans le carnet de bord de publie.net (il me faudra attendre ce matin
pour accéder à l’envers sur décor) et de croiser Nathanaëlle Quoirez trottinant avec ses béquilles, je retrouve Céline De-Saër rencontrée un peu plus tôt par le plus grand des hasards (ou pas) à
l’atelier d’écriture des écrivains turbulents. S’ensuit une
sorte de maëlstrom sympathique (est-ce qu’un maëlstrom peut être
sympathique ? c’est en tout cas le mot qui vient, parce qu’il y a
là quelque chose d’irrésistible) de rencontres croisées qui
m’amènent à revoir Anne Savelli et Virginie Gautier, à découvrir
l’apparence corporelle de Claire Lecoeur qui m’accompagne depuis
plus d’un an, par téléphone, sur les ateliers d’écriture /
analyses des pratiques professionnelles, celle d’Antonin Crenn dont
j’offre le soir-même le beau roman L’épaisseur du trait à ma
très chère A., celle d’Hédi Cherchour dont j’offre le
surlendemain les Nouvelles de la ferraille et du vent à ma très
chère D. qui m’héberge dans son grand appartement. Après ces
moments singuliers où l’apparence visible vient percuter l’image
interne constituée à partir des bribes de ce que nous
savons des uns et des autres, nous filons à la lecture prévue au
Jardin du Luxemboug ; le trajet retour donnera lieu à une
nouvelle crise d'Artalburite, je pense que le maladie est en passe de se
chroniciser.
J’hésite toujours longuement avant de publier ces
textes qui jouent avec l’absurde et l’autofiction, mais surtout
font intervenir d’autres personnages que moi, souvent mes Grands
Autres, intrigants, impressionnants ou rassurants et consolateurs. Il
y a dans cette histoire d’Artalburite trois mouvements plus ou
moins conscients : jouer avec l’écriture d’un autre ;
autofictionner ; fictionner les autres.
Jouer à imiter l’écriture
de ceux je lis, c’est un penchant constant dans ma
pratique ; j’essaie juste de m’en rendre compte, d’en
avoir un peu la maîtrise, de passer par là pour enrichir ma propre
écriture. Bon, avec le texte de Pierre Barrault, il y avait une
attraction irrésistible, liée à ce que son texte
autorise. Et comme l’auteur lui même autorise ce jeu, je me suis
vite débarrassée des entraves de la culpabilité.
Autofictionner, c’est certes très
égocentré, mais c’est un point de départ comme un autre, et bien pratique, en plus. Je me
demande parfois si c’est impudique, et puis j’en arrive à la
conclusion qu’écrire, en tant que donner forme partageable à
quelque chose qui chemine depuis l’inconscient, c’est toujours
impudique. Alors bon.
Fictionner les autres pose
d’autres questions : jouer avec l’Autre en tant que figure
de sa propre rêverie implique de le faire sien... A priori, c’est
très impoli de s’approprier comme ça les gens sans leur
demander leur avis. Alors qu’est-ce qui fait que je m’y
autorise ?
Se situer au carrefour
d’entre-deux (il faudrait mettre entre-deux au pluriel) entre le texte d’un autre et le sien,
entre le soi et le personnage, entre la réalité de l’autre et sa
recomposition fantasmatique.
Et l’idée d’un hommage.
Il m’arrive d’être poussée à écrire par des textes qui me
marquent, qui me travaillent et me mettent au travail. Ça
a été le cas à plusieurs reprises avec Daniel Bourrion. C'est souvent le cas avec Charles Pennequin, Nat Yot, et d'autres... Ça
a été le cas ce samedi avec le texte d’Hédi Cherchour, que
j’avais lu mais dont la lecture à
voix haute augmente
l’intensité. C’est aussi cela que j’avais envie de rendre, et
il m’a semblé plus juste de le faire dans une représentation
imagée et fantasmatique de ce que peut être l’expérience intime
du contact avec le texte lu, plutôt
que dans une recension de lecture ordinaire. Pour dire comment les textes des autres viennent nourrir mon intériorité.
Serge Doubrovsky dit à propos de l'autofiction : « confier le langage d’une aventure à l’aventure d’un langage en liberté » ... Si vous en êtes d’accord, je vais laisser cuire et ne me poserai pas davantage de questions aujourd’hui.
Serge Doubrovsky dit à propos de l'autofiction : « confier le langage d’une aventure à l’aventure d’un langage en liberté » ... Si vous en êtes d’accord, je vais laisser cuire et ne me poserai pas davantage de questions aujourd’hui.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
N'hésitez pas à commenter ce texte... La parole vous est donnée : saisissez-là !