Bien. Il s'en est passé des trucs depuis le dernier semainier, mercredi.
D'abord, jeudi matin, nous sommes allés enregistrer une chouette émission chez Radio Campus. Nous, ce sont les jeunes avec lesquels j'ai animé des ateliers d'écriture depuis janvier, et les quelques adultes qui les ont accompagnés jusqu'au bout de cette aventure, notamment Soufyan Heutte qui les a aidés à mettre en voix leurs textes. Ce moment est toujours émouvant, rassurant et réconfortant, parce qu'au fil des mois nous traversons, ensemble, des moments difficiles, des moments drôles, des moments de vide ou d'abattement. Même si j'ai déjà fait ce chemin plusieurs fois, c'est toujours une aventure dans laquelle nous cahotons sur une route pleine d'ornières : on a beau être optimiste, il y des passages un peu rudes où on se demande si on va arriver au bout. Alors les entendre oser la voix, les textes, à la radio, c'est sacrément précieux, le sentiment que ça produit. Pour tout dire, j'avais envie d'applaudir bruyamment à la fin de chaque prise de parole de chaque jeune, mais je ne pouvais pas parce qu'on enregistrait l'émission, je devais me tenir tranquille et silencieuse dans un coin. Bref, un grand shoot de fierté, juste ce qu'il faut pour être prête à recommencer l'an prochain.
Ensuite, jeudi soir, je suis allée à la soirée poésie du Théâtre des 13 vents, qui avait lieu à la ferme des Aresquiers, un endroit sublime, perdu au milieu des étangs, un endroit où tout reprend sens : être ensemble, boire un verre, écouter de la musique, être juste LA, très très là, dans l'air un peu tremblant des étangs, sous le vol des flamants roses, dans la lumière qui descend, au milieu des eaux qui s'irisent. Certes, c'est aussi l'endroit où je me suis fait mon entorse de la cheville l'automne dernier après deux heures d'un concert endiablé de Samarabalouf, mais je n'en tiens rigueur ni à l'endroit, ni à la musique. Ce jeudi, en première partie de soirée, Félix Jousserand nous a lu une partie de son livre Le siège de Mossoul, dans l'air un peu frais de ce soir de mai. On était là avec nos verres de vin rouge et nos assiettes de tapas, tout à fait coites et cois, voire bouche bée, osant à peine respirer à l'écoute de ses alexandrins robustes et sensibles, de ses vers civils et guerriers. Après la pause - le rouge, les tapas - il y avait une scène ouverte. J'avais bien réfléchi dans l'après-midi, et notamment après ce qui s'était passé le matin où certain.e.s jeunes m'avaient impressionnée en osant dépasser leurs craintes de parler au micro, j'avais emmené un texte. J'étais bien entourée, j'avais retrouvé retrouvé Guillonne Balaguer, Blandine Scelles, et d'autres... Bref, l'approche des 41, le lieu, les gens, la nuit tombée... Tout s'est conjugué et j'ai réussi à surmonter une énorme appréhension - tremblements, bouche sèche, vertiges - pour aller lire mon texte (Trouble, un peu mis à jour) sur la scène. Le travail effectué cet hiver pour la vidéo m'a semblé très soutenant : une fois là-bas, je n'avais plus vraiment peur. Je jure que le fait qu'un texte lu donne droit à un verre offert n'a pas pesé dans la balance - d'ailleurs j'avais déjà assez bu et je conduisais. Je suis vachement satisfaite d'avoir fait ça, et j'ai bigrement envie de recommencer. L'atelier avec François Bon cet été aux Rencontres d'Archipels devrait m'aider.
Il y aurait bien d'autres choses à raconter, mais à cette heure-ci, après des aventures mouvementées avec un portillon gris argenté puis noir, et un bureau de vote quasi-fermé, je tombe de sommeil.
Bonne semaine à tous.
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