19/05/19
Je m'installe à mon second bureau, celui pour écrire. Je prends
le livre de Lyotard, La condition post-moderne, une grande
inspiration sérieuse, et un stylo. Je suis en train de relire les
premières pages de L'aide à l'emploi de Pierre Barrault, je me
tords de rire. Je prépare un atelier d'écriture à partir des
premières pages de l'Aide à l'emploi. Jean-François Lyotard me
tape sur l'épaule avec son index dur en disant : "sur quoi
repose la légitimité du discours de Pierre Barrault ?" Je
pense que ma peau est en train de rétrécir. Je ne suis pas sortie
de Pierre Barrault. J'essaie de sortir de mon bain. Je m'aperçois
que je ne sens pas bon. J'ai des pustules violettes sur tout le
corps. Je pars courir. Je me croise en train de rentrer. Je me
retrouve dans un verre d'eau très froide. J'essaie de m'échapper
mais Jean-François Lyotard a mis sa main au dessus du verre. Il me
regarde. Il a le même visage que Pierre Barrault, le nez au milieu
du front et les sourcils juste en dessous de la bouche. Je suis sur
l'Astrolabe en plein naufrage. Je me fais dévorer par le Comte de la
Pérouse, converti au cannibalisme. Mes pustules violettes se sont
transformées en perruches jaunes et vertes. Je n'ai toujours pas
fini Lyotard. Je me demande ce qui va se passer si je lis un deuxième
livre d'Anne-James Chaton. Et un autre de Guillonne Balaguer. Mon
médecin me conseille d'arrêter Pierre Barrault. Il me donne de la
nourriture pour les perruches. Je me demande si je ne devrais pas
arrêter de lire. Me lancer dans le macramé, à la place. Je sors
dans la rue et je croise Pierre Barrault. Il sent mauvais et a des
pustules bleues sur tout le corps. Je cours me réfugier chez moi, je
pratique le macramé. Jean François Lyotard me sert un verre d'eau
très froide. Il y a quelqu'un à l'intérieur. C'est Pierre
Barrault. Je suis soulagée que ce ne soit pas moi. Je vais mieux. La
nourriture pour les perruches commence à faire son effet.
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