vendredi 2 décembre 2022

Palimpseste pour les mortes

(Vidéo en regard du texte) 

Avec toi on se promènerait à la ville

On verrait les choses pas pareilles

On ferait un crochet par une autre part de nous même

De nos longs doigts un uppercut délicat au nez du réel

à ce qui nous terrasse

à ce qui dans nos plaintes nous relie

On fuirait les litanies du monde finissant

Éclatant et renouvelant les sociogrammes

les réseaux

les tissages de gens entre eux

Un beau déhanché du dimanche

On pourrait suivre une voie lactée

Des ombres fuyantes aux sols

Traces de pas dans le lait du ciel

Un ciel bitume où l’on marcherait

Tenant avec nos jambes nos mains

Tenant avec nos mains nos jambes

Nos ossements

Nos souffles hésitants

Le ruban coloré du réel

Ce qui lie relie attache

Aux images le noir

et les grandes âmes des trains


Les grandes âmes des vitraux

la courte respiration d’une église romane

Et des ombres fuyantes aux pieds des murs

La tienne la mienne les nôtres

celles des autres

Des pétanquistes levant au ciel les bras au ciel les bras au ciel les bras au ciel

On s’emprisonne parfois de pas grand-chose

des alcools de supermarchés

des vitres sales et des coups de bâton sur des princesses refroidies

Le brillant d’une musique de métro ne pourra pas tout sauver

il y aura des pertes

des visages se perdront

des bébés se perdront

des mains des doigts mourront

les courses ne seront pas faites

le repas ne sera pas cuit

 

Quelqu'un a cueilli les cœurs des hommes en bouquet

c'est pour offrir sans doute

compensation aux femmes pour leurs abnégations de tout

et ce ne sera jamais assez

maintenant quelqu’un doit aussi plier la mer et le ciel comme deux draps

et les ranger dans une armoire

Dieu

ce sera le minimum

Le minimum en sautillement de rue

le minimum en clous plantés dans nos dos humains

en flottaison dans les bruits absents de la ville

Où vont les femmes qui disparaissent ?


Le minimum un chien enfant qui regarde

Des parents qui ralentissent

ils pensent à leurs petits

et des lumières de fête

des cauchemars de fête

des poètes disparus

des musiciens perdus


Le ruban coloré du réel

Ce qui lie relie attache

Aux images le noir

et les grandes âmes des trains

 

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