vendredi 9 mars 2012

Philippe Djian et moi, ou mon adolescence littéraire.

Je crois que Djian est l'un des rares auteurs dont j'ai presque tout lu. Le fait que ses personnages soient très souvent des ados ou des écrivains n'y est pas étranger. Et je ne peux pas parler de cet auteur sans parler de moi.

Commençons par ce que je n'ai pas aimé : 
- la série Doggy Bag, un peu sur le principe, parce que je n'ai pas apprécié qu'il veuille concurrencer la télé (c'était explicite dans son discours). Je pense que la littérature a autre chose à faire. Et aussi parce que le résultat n'était finalement pas très intéressant. 
- Impardonnables, que je n'ai pas réussi à lire, sans doute parce que j'ai perdu le goût de son écriture, et que j'ai trouvé l'histoire trop insoutenable. 

Ce que j'ai aimé, maintenant. 
J'ai énormément lu Djian à l'adolescence. A certains moments, je crois que j'étais totalement imprégnée de l'état d'esprit "rock années 80" des personnages (rebelles, artistes, adolescents, dingues, subversifs et souvent paumés, pour aller vite). J'ai dévoré Bleu comme l'Enfer, Maudit Manège, Échine, Zone Érogène, et bien sûr l'immense 37.2° le matin avec cet enthousiasme et cette avidité qui me laissent penser aujourd'hui que c'était autant un apprentissage de la vie qu'un plaisir de lecture. Ce sont ces romans qui ont fait germer en moi l'idée qu'un jour ou l'autre j'écrirai à mon tour.
Par la suite, Sotos et Lent dehors, (que j'ai adorés) -et dans une moindre mesure la trilogie autour de la Sainte Bob- sont des lectures où j'observais le travail de construction des romans, et qui m'ont amenée à me projeter dans une peau d'écrivain.
Et puis, j'ai grandi en continuant à lire ses livres dès leur sortie, avec le sentiment que Djian vieillissait. Quand on a lu autant de livres du même auteur, une sorte de connivence s'installe, on a l'impression de le connaître de près. Ses romans sont devenus à mes yeux plus construits, plus aboutis que jamais. Ça, c'est un baiser et Vers chez les Blancs sont des bijoux que j'ai lus au tout début de la vingtaine, et qui sont pour moi le sommet de son travail.

Enfin, j'ai lu certains de ses romans récents (Frictions, Impuretés) avec attention et plaisir, sans m'ennuyer vraiment, mais sans ressentir autant d'émotions qu'auparavant... Et si j'avais vieilli ?


Edit : Depuis la rédaction de ce billet, j'ai regardé le documentaire "Empreintes" sur France 5, qui lui était consacré (le jour même !). A voir en VOD sans hésitation (Juliette Binoche a juste quelques problèmes avec son nez, rien de grave :-/). 

2 commentaires:

  1. Pour Doggy Bag, bien d'accord, si l'idée de départ (construction selon le système de la série américaine) était pas trop mal, ça fait comme toutes les séries américaines : ça s'allonge et finalement on se lasse. (surtout que l'accroche est trop vite oubliée...)

    Pour Incidences et Vengeances (les deux derniers), j'ai trouvé que c'était des livres "copier-collés" il a repris les mêmes perso, les mêmes situations, les mêmes thèmes que dans ses précédents romans. En les modifiants à peine, en les développant moins bien...

    Si je devais choisir des livres, ça serait ceux qui se déroulent en Europe (je n'aime pas la mode "intrigue à l'américaine" et il y en a pas mal...), Lent Dehors et Echine en tête de liste. Parce que la violence y est moins présente et les relations entre les perso beaucoup plus nuancées, poussées et centrales.

    Par contre, Bleu comme l'enfer et 37,2 le matin, je n'ai jamais réussi à les finir !

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  2. Ce que tu me dis sur les deux derniers ne va pas m'encourager à les lire ! Et tant mieux car j'ai mille autres choses à lire...
    Pour ce qui est des romans "européens" ou "américains", je vois bien ce que tu veux dire, mais il me semble qu'il s'agit de décors suggérés plus que d'un contexte explicite, non ?
    En tout cas, j'aime bien la veine américaine justement parce que les éléments du décor implicite donnent de la puissance à l'intrigue (37.2 le matin et ses bungalows à repeindre !)
    A bientôt.

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